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Belissima Verona! (15-19 avril 2009)

J’avoue qu’avant de partir pour notre concorso internazionale di canto corale,  j’ai un peu révisé mes leçons d’italien, vieux de quelque 40 ans, en plus de mes partitions…mais en vain. A chaque fois que je sortais péniblement une phrase correcte, mon interlocuteur italien me répondais en anglais ou en français (voir en allemand). J’ai eu au moins le plaisir d’écouter les accents et les intonations de la langue italienne autour de moi. Voici quelques notes personnelles de notre voyage à Vérone, qui s’accorderaient, je l’espère, avec celles des heureux participants de ce passage dans un grand pays de la musique.

 

Mercoledi : le départ

Un roulement de tonnerre continuel perturbe mon sommeil – signe de mauvais augure ? Déjà, notre Gilles, le cœur des basses, est manquant au voyage, malade du cœur. Et puis la terre avait tremblé très fort dans les Abruzzes la semaine d’avant…mais notre rendez-vous au RER à lieu à 6H15 du matin comme prévu et le train fonctionne ; nous nous enregistrons et s’envolons sans incident vers l’aéroport de Milan. C’est le baptême de l’air pour notre plus jeune voyageuse, Béatrice, qui ne se laisse pas déstabiliser pour autant!

 

Nous sommes accueillis par « 2 anges », notre guide Gabriele, et notre chauffeur de car, Gabriele. Deux heures et demi plus tard, nous arrivons sur le Lago de Garda, sous un soleil resplendissant. Nous nous installons dans l’Hôtel La Perla et partons à pied dans un groupe de 8 pour le petit port pittoresque de Bardolino, à 4 km au long du lac. Point de bianco et dolce cigno, mais des canards, des palmiers, des pédalos, des bateaux, des baigneurs – un vrai air de vacances! Alors, nous sommes quasiment obligés de manger une (délicieuse) glace artisanale avant de repartir par vaporetto pour Garda.

 

Les passagers du deuxième vol sont arrivés et nous mangeons de bonne heure dans la salle à manger avec d’autres chorales, dans un brouhaha convivial. Et qu’est-ce que nous mangeons ? Des pâtes, bien sur, mais si bonnes, suivi du plat secundo et du dessert (on peut dire que nous nous levons de table à chaque fois bien repus).  

 

Nous partons vers 19H30 pour Vérone dans notre car, à environ une demie heure de route, et descendons au Teatro Philharmonica pour la cérémonie d’ouverture. Gabriele nous dit de suivre son « parapluie jeune » (jaune) et nous voyons que tous les guides ont une antenne ou un parapluie singulier pour être reconnu (mais seul notre Gabriele a un pull et un pantalon mauve, avec lunettes assorties). La cérémonie est présentée par Roberto Benigni, pardon, je veux dire Lino Pasetto, président de l’Association des Groupes de Chorales, et qui de part son enthousiasme (paroles et gestes) ne peux que nous mettre de bonne humeur. Le concert nous a plu et nous retournons à La Perla bien fatigués mais contents de cette première journée, pour tomber dans nos lits vers minuit. 

 

Giovedi : Venise

Debout, debout à 7 heures, les yeux pas vraiment en face des trous. Le car nous attend après un petit déjeuner rapide pour notre excursion à Venise. Nous roulons pendant plus de 2 heures sur l’autoroute, alors que notre 2ème guide, Mathilde, nous indique les champs de pêchers, de kiwis, et de vignes, entrecoupés d’usines et d’entrepôts. Elle nous abreuve de conseils : tous les monuments à Venise sont « magnifiques », mais aussi tout est « cher, très cher » (y compris les toilettes) – 300€ par car et par journée pour la douane. Nous montons à bord du bateau « Il Doge » et rencontrons d’autres chanteurs français et russe, tout en essayant de prendre des photos à travers la brume vénitienne. A l’arrivée, nous faisons un bout de chemin à pied jusqu’à la célèbre place San Marco, avant d’être lâchés dans la nature (la réglementation concernant les guides à Venise est très stricte et Mathilde n’a pas le droit de nous faire visiter les intérieures).

 

Certains font un tour en gondole, dont moi, Bruce et Rachael. Notre gondolier est muet jusqu’à la rencontre d’un autre gondolier qui vient vers nous en sens inverse dans un canal en « senso unico », et là mon italien me lâche, mais je comprends que le nôtre est très, très mécontent ! Nous déjeunons (des lasagnes) dans un petit restaurant recommandé par notre guide et ensuite nous nous éclatons en petits groupes pour quelques heures. Il aurait fallu courir comme le furet pour voir les 400 ponts de la ville, les nombreux musées et palais, les quelques 40 îles abritant des artisans, des églises, des vieilles synagogues, tous « magnifiques ». Alors nous nous contentons d’aller voir la basilique et son célèbre retable doré, ou bien nous faisons des boutiques en se promenant vers la Rialto dans les rues étroites de Venise, pour acheter masques, verreries, ou pâtes zizi (demander à Agnès !).

 

Nous remontons sur le bateau pour le retour, et j’avoue que voir Venise envahie de touristes (de toute façon, plus personne n’habite à Venise, nous a dit Mathilde) n’est pas la même chose que d’y flâner au temps des doges…mais nous n’avons pas le temps de la réflexion sentimentale et historique. J’ai quand même retenu quelques faits intéressants sur cette ville mythique, comme le million de pieux en bois serrés sur de l’argile et du sable pressé qui la soutiennent (mais pour combien de temps encore?).

 

 A l’hôtel, après un dîner bon mais rapide, Anne-Cécile nous convoque pour une répétition

de dernière heure, car notre prestation devant le jury, c’est demain matin. Nous nous couchons (relativement) rassurés…

 

Venerdi : la compétition

Départ pour Vérone en tenu (« nos uniformes ») à 8H30, après avoir déjeuné sans laitages, si nous étions sages, selon les conseils sévères de Jocelyne, pour ne pas voiler nos voix. Gilles nous a transmis des bonnes ondes par téléphone.

 

Nous avons un aperçu du car de ce qui est à visiter dans cette belle ville. Arrivés au théâtre, nous avons peu de temps pour se préparer, et après une répétition de nos gammes rapide nous sommes propulsés sur la scène, avec un changement de consigne pour les entrées/sorties à la dernière seconde. Nous ne sommes guère déstabilisés pour autant et faisons une prestation un peu tendu mais honorable, selon nos observateurs. Nous entrons ensuite dans la salle pour écouter d’autres groupes, avant de rejoindre Mathilde pour un petit tour guidé des rues du vieux centre – le Piazza Erbe, la (prétendue) Maison de Juliette (attention aux pickpockets !) et l’impressionnant Piazza dei Signori. Nous terminons vers les arènes qui donnent sur le vaste Piazza Bra et nous nous dispersons encore une fois en petits groupes pour manger et visiter la ville.

 

Personnellement, j’ai le temps de voir (rapidement) le Castelvecchio, construction grandiose de la famille Scaligeri, dont la première pierre fut posée en 1355 ; son pont crénelé et son musée (où j’aperçois un Rubens dans la salle flamande) ; l’église San Fermo Maggiore (qui est en fait 2 églises en un) avec ses belles fresques ; et de monter en haut de la tour Lamberti, la tour « des cloches », en ascenseur. La vue est effectivement « magnifique » car le temps est toujours clément. Malheureusement l’ascenseur a un petit problème pour la descente et Michèle et moi décidons de descendre à pied…350 marches, ça fait travailler les cuisses ! Nous arrivons juste à temps à côté des arènes pour le car, et repartons à Garda. (J’apprends plus tard que Bruce et Rachael, ayant resté pour écouter tous les chanteurs, attendaient le bus devant le théâtre…mais ils ne se débrouillent pas trop mal pour se faire raccompagner.)

 

Notre dîner est toujours bon mais plus détendu ce soir. Inspirés par plusieurs chants d’anniversaire,  chaque chorale chante quelque chose de son répertoire à tour de rôle (avec nos encouragements bruyants pour le démarrage !). Nous sommes particulièrement impressionnés par la jeune chorale américaine de Westlake High School.

 

Sabato : les arènes

Nous repartons en car le matin pour Vérone pour assister à la cérémonie de clôture. Anne-Cécile et Jean-Jacques sont installés sur la scène, et recevons dans les premiers une coupe de bronze ! Notre fan club est en extase et remue des T-shirts André Sala en guise de drapeaux pour saluer notre victoire. (Nous apprenons par la suite que nous sommes une chorale parmi un certain nombre classées bronze, mais nous aurions pu ne repartir qu’avec un certificat de participation). En tout cas, l’ambiance est au plus chaude dans toute la salle. Lino est là, son discours traduit en allemand, français et anglais, par une hollandaise sympathique, et il utilise les pans de sa chemise pour essuyer ses larmes en nous disant addio. Ensuite, nous écoutons les « coupes d’or » chanter encore une fois – un grand plaisir.

 

Nous partons tous pour un buffet à l’italienne dans le parc après le pont du Castelvecchio – une table pour 1500 ou 1600 personnes. Nous arrivons à attraper quelques parts de pizza et un verre de vin avant de repartir sur le pont, dans une ambiance de pèlerinage, pour les arènes. Des chants partent à gauche, à droite et nous avons hâte de chanter tous ensemble. Une fois dans les arènes, on voit que ce n’est pas si évident que ça…et on « oublie » de nous faire chanter l’Ode à la Joie…C’est tout de même un grand moment. Nous repartons à la visite de la ville en « roues libres ». En marchant vite, j’arrive à voir, avec Agnès et Sylvie, les bords du fleuve l’Adige, la Cathédrale (Santa Maria Matricolare), l’eglise Sant’Elena et le cloître en face, ainsi que la basilique Sant’Anastasia.

 

De retour à Garda, nous dînons et repartons « en uniforme » encore une fois pour un concert à Lugagnano, dans la banlieue de Vérone. Nous chantons dans une salle paroissiale avec 3 autres chorales : la première est une chorale italienne « pépère » (certains chantent les bras croisés), la deuxième est italienne également, la troisième, c’est nous, et enfin la chorale suisse Au Pays du Gruyère, spécialiste en chansons du pays (et qui, malgré son nom un peu ringard, a tout de même reçu une coupe d’or). Nous avons un petit buffet ensemble avec nos hôtes sympathiques (en dépit du fait que quelqu’un avait pris Anne-Cécile pour la dame pipi !) avant de rentrer pour la nuit à Garda. Nous disons arrivederci  à Gabriele en lui chantant une petite chanson, mais avant de nous coucher, nous nous réunissons afin de remettre quelques témoins de notre reconnaissance commune à Anne-Cécile et à Marie-Thérèse, pour leur enthousiasme et leurs efforts réussis. C’est là aussi que nous apprenons que nous avions été noté « discretto » par le juré pour l’ensemble des critères (ce qui est mieux que « sufficente » mais moins bien que « buono » et assez loin de «optimo »). Bon, ça sera pour une autre fois, mais nous avons appris pas mal de choses, fait des contacts, et pris confiance en nous.

 

Domenica : le retour

Certains se lèvent tôt pour foncer prendre le bateau pour l’île de Sirmione ; d’autres (moi-même incluse) décide de prendre leur temps et de profiter de leurs dernières heures pour flâner, faire des achats, et prendre tranquillement un dernier repas italien. La musique est toujours présente et nous avons droit à une fanfare des chasseurs alpins qui traverse la ville.

 

Nous partons dans l’après-midi pour l’aéroport de Milan, où nous serons déposés aux arrivées et non pas aux départs, car le pont du nouvel aéroport (construit en 2000) ne supporte pas le poids des cars ! Le temps a passé trop vite…nous serions tous restés un peu plus longtemps. Mais voilà que nous sommes dans l’avion, bronzés (par notre trophée), dorés (par le soleil), et un peu grisés par tout ce que nous avions vu et entendu. Je n’oublierai pas la légende de la montagne près de Garda, en forme de déesse couché, qui pleure son mari perdu le soir de ses noces, ni le presqu’île en forme de crocodile, ni les cèdres plantés dans le paysage comme autant de cure-dents vert élégants, ni la vue plongeant sur Garda au coucher du soleil, ni le chic des véronais, ni  les tenus de Gabriele, ni l’ambiance grandiose dans le théâtre…

 

A notre retour, nous sommes déjà des stars internationales sur YouTube. A quand la prochaine compétition ?!

Martha

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